Coach rimerait-il avec quiproquo ?
« Coaching » est communément traduit par « accompagnement / guidance ». Pour les non avertis, ces notions peuvent laisser croire que le coach serait amené à dispenser un conseil méthodologique / tactique à son client. L’appellation « coach » aurait-elle été largement détournée de sa signification initiale à la suite d’un effet de mode : de nombreuses activités professionnelles ont fleuri tout au long de ces dernières années et, par ignorance ou déviance, toute une population s’est engouffrée dans cette brèche, porteuse de business, et s’est faite inconsidérément appelée « coach ». Ainsi des clients recherchent le conseil d’un coach sportif pour qu’il améliore leur performance physique, d’autres sollicitent un coach alimentaire pour perdre du poids ou renforcer leur système immunitaire, etc. Une croyance (inconscient ?) collective s’est installée, facilitée par une certitude mercantile : « si en tant que client je paie mon coach, c’est bien pour qu’il travaille pour moi ! », partant du principe selon lequel la solution serait exogène au client : le conseil d’une tierce personne, forcément « sachante » et plus expérimentée que le client présentement en recherche ou en difficulté.
La réalité est bien sûr toute autre. Toutefois, auprès d’un public non ou mal averti, le coach doit intégrer la croyance décrite plus tôt pour tout de suite établir les contours d’un contrat sain et pérenne, articulé autour les principes fondateurs qui suivent :
1. La démarche du coach s’intègre dans un processus par nature transitionnel, c’est à dire qu’il créé temporairement avec son client les conditions qui permettront à ce dernier - après l’élan initial, guidé pendant une durée définie au contrat - de poursuivre le mouvement engagé : toute la démarche repose donc sur l’autonomie et la pleine responsabilité du client dans une perspective durable.
2. Au démarrage, le coach aide son client à faire un travail sur lui-même pour clarifier le ou les objectif(s) qui se cachent derrière la demande initiale : à l’instar d’un iceberg, la demande initiale représente la partie émergée, les irritants visibles qui conduisent le client à prendre conscience qu’il a besoin d’aide. Le coach devra révéler toute la partie encore immergée, pour cela il lui faudra probablement passer par un travail sur les croyances du client, ses valeurs et ses besoins. Ainsi, il est plausible qu’il y ait des écarts importants entre la demande initiale et l’objectif que le coach formalisera sur la base des inputs de son client. Le coach est donc un activateur : il permet au client de s’écouter et de s’entendre, il amplifie l’expression du client, il permet de passer de l’implicite (ressenti) à l’explicite (contextualisé).
3. Cette étape est le préalable à tout travail sur un plan d’actions dont le client définira, s’il le souhaite, les modalités. Le changement en lui-même viendra du client et de lui seul. C’est en cela que le coach est un levier à l’usage du client : il l’aide à construire sa propre solution, ouvre le champ des possibles, le guide et l’accompagne dans les options envisagées.
Au travers des 3 points décrits ci-dessus, la formule « CONNAITRE SON CADRE, C’EST SE RECONNAITRE LIBRE » prend toute son importance : le client pourrait en cours de coaching avoir la tentation de se réfugier dans sa croyance initiale et limitante (rappel : « si je paie mon coach, c’est pour qu’il travaille pour moi ! ») dès qu’il aurait le sentiment de s’engager dans ce qu’il prendrait pour une impasse ou une difficulté majeure (qui provoquent notamment des dissonances cognitives). Dans cette perspective, le principe complémentaire « aucune règle ne vaut si elle n’a pas été explicitement formulée et explicitement acceptée » est d’autant plus essentiel qu’il permettra au coach de rétablir les conditions d’un contrat efficient.
La voie sur laquelle coach et client vont cheminer est donc semée d’embuches, pour le client bien sûr – car le travail qu’il révèlera n’est pas toujours facile, comme on a pu le voir plus haut, ou dans les cas de dissonance cognitive importante – mais aussi pour le coach : en conséquence, le coach doit avoir particulièrement à l’esprit des points de vigilance qui structurent sa posture et sa démarche :
· Il doit se positionner comme un non sachant : s’il ressent des familiarités avec la demande de son client, il devra en prendre pleinement conscience et être d’autant plus vigilant de ne pas se projeter dans un mécanisme de contre transfert qui saborderait la relation collaborative.
· Il ne produit pas : il sert de catalyseur, pas de producteur : il n’apporte pas de proposition de solution ; la production est assurée en pleine conscience par le client, les solutions viennent de lui, issues de la découverte, de la valorisation et de la mise en œuvre de ses potentiels (pas de phénomène de transfert dans cette perspective).
· Il n’impose ni son rythme ni son style : il travaille au bénéfice du client, avec bienveillance et neutralité et fait preuve d’une inconditionnelle croyance dans l’autonomie du client.
Il apparaît clairement que le coach est détenteur d’une obligation de moyens, parmi lesquels on reconnaitra :
1. Etablissement d’une relation collaborative saine au cours de laquelle le client répondra à un ensemble de questions qui permettront au coach d’identifier la situation et de fixer des objectifs,
2. Analyse de la situation et mise en relation avec l’identité, les croyances et valeurs du client afin d’ouvrir le champs des possibles : le client opérera ses choix en pleine conscience et en harmonie avec lui-même,
3. imagination d’outils qui permettront de structurer un plan d’actions dans lequel le client s’engagera (obligation de résultat).
En conclusion, le coach témoigne d'une croyance absolue dans la capacité qu’a l’être humain de trouver sa voie, parie sur sa pleine autonomie, manifeste une confiance inconditionnelle dans ses capacités : toutes les facettes de l'adulte sont ainsi réunies dans une dimension hollistique.